Sournoise tristesse
Parfois la tristesse est comme une urne pleine
de cendres.
Un simple souffle peut
au début me soulager, faisant voltiger autour de moi les particules encore
indépendantes. Puis le
temps passe, la poussière s’agglomère et se transforme en une gangue épaisse me serrant peu à
peu comme des bras étouffants.
Je continue à souffler, à la limite de la suffocation, dans l’illusion de voir disparaître l’insoutenable.
L’humidité de l’haleine cimente encore plus ce fourreau gris, emprisonnant pour longtemps le mouvement de mon âme vagabonde.
Les sédiments s’accumulent encore et encore, le cœur cesse presque de battre emprisonné de pierres aux larmes inutiles.
Enfin viens le changement, armé seulement du marteau de la patience et du burin de la persévérance.
Il se met d'abord à cogner doucement, simplement pour goûter à mes cristaux de sels aux formes étranges déposées par le temps.
Puis ses coups se font plus précis, il attaque les strates des contours encore meuble, les faisant s'affaisser par pans entiers à mes pieds.
A mesure qu’il progresse à l'intérieur de la pierre, la tâche devient plus difficile, diamants immobiles entravés par la paresse de l'ironie du sort.
Désormais il y met toute son énergie sculptant sans relâche le visage, extirpant l'once d’un bonheur qui tarde à venir.